A la veille de la présentation du Plan Jeunes, l’association 100 000 Entrepreneurs estime que bon
nombre des mesures prises ou évoquées ne vont pas dans le bon sens. Le Gouvernement propose
un plan d’urgence pour ne pas « gâcher une génération ».

« Jusqu’où la compassion va-t-elle aller ? Est-ce si handicapant d’être jeune ? A-t-on perdu à ce point le goût de l’effort dans ce pays ? », se demande Philippe Hayat, Président de l’association 100 000 entrepreneurs. En considérant les jeunes comme une population en détresse qu’il faut subventionner, on prive ceux-ci du goût de l’effort et de l’envie d’entreprendre. « Plaindre les jeunes à longueur de discours politique et de reportages télévisés, c’est finalement leur manquer de respect », poursuit Philippe Hayat.

Le Plan Jeunes a toutes les chances de se révéler contre-productif. Par temps de crise, c’est aux jeunes de prendre leur propre vie en main et à personne d’autre. Ce travers compassionnel se décline également sur les réponses politiques données au problème de la discrimination envers les jeunes issus des quartiers difficiles. La mesure concernant le CV anonyme est un mauvais message à faire passer aux jeunes des quartiers difficiles : on leur conseille, lors d’une recherche de poste, de ne plus mettre leur nom, leur photo, leur adresse sur leur curriculum vitae, afin d’accroître leurs chances d’être recrutés. On leur demande donc de masquer leur spécificité, et sans doute ce qui fait leur talent, et finalement d’avoir honte d’eux-mêmes au lieu d’en être fiers. Or ces jeunes ont, avant tout, besoin de respect, qu’ils n’obtiendront qu’en affichant clairement qui ils sont et la richesse qu’ils représentent.

De la même façon, la mesure des quotas en classe préparatoire envoie un message négatif aux
jeunes. Aux jeunes des banlieues d’une part, car elle les rabaisse en leur signifiant qu’ils n’ont pas les
moyens, par leur qualités propres, de s’en sortir, et qu’il faut déformer les règles du jeu pour leur
donner une chance. C’est également une façon de les dispenser du goût de l’effort, puisqu’on rend les
obstacles moins hauts à franchir. Aux jeunes des autres quartiers d’autre part, car elle les démotive en
leur signifiant qu’ils risquent de devoir laisser la place à des étudiants moins compétents.

La récente proposition de réforme du lycée aurait pu être l’occasion de rendre les jeunes davantage
entreprenants. L’occasion a été manquée. « Quel projet professionnel ai-je envie de porter plus
tard ? Voilà la question qui devrait être abordée dès la classe de Troisième dans toutes les filières
d’enseignement », poursuit Philippe Hayat. « Il faudrait inciter les jeunes à entreprendre à partir de
leur envie et de leur talent, leur faire connaître le monde de l’entreprise pendant leur cursus scolaire,
quelle que soit la filière, et leur montrer qu’on peut travailler en s’épanouissant. Il est aberrant de
constater qu’en France, il faut être en situation d’échec scolaire pour entendre parler du monde de
l’entreprise ! »